Ecrits sur les formes d’organisation et de transformation sociale

Publication Mille Bâbords
Richard Ruffel
Contre le principe hiérarchique

De même que l'utilisation du téléphone ou de la télévision, de l'avion ou de
l'automobile, de l'eau potable ou de l'électricité nous paraissent totalement naturels, les
différents types de rapports sociaux fondés sur le mode hiérarchique nous semblent tout autant
et tout aussi faussement immuables, universels, intemporels.
Les rapports individuels (de couple ou autre), de travail, d'organisation sociale, internationaux
ne pourraient se produire et reproduire que sur le mode /modèle de la domination et du
fameux système pyramidal, qui du haut de cinquante siècles au moins nous contemplerait et
nous contraindrait.
Il serait donc naturel que les formes de gouvernance des affaires communes (la politique) se
conforme à cette loi de nature, hiérarchique, et que les partis politiques censés représenter les
intérêts des membres d'une communauté sociétale obéissent à cette règle commune.
* Première objection, il est avéré anthropologiquement que certaines sociétés ont
réussi et réussissent encore à fonctionner de toute autre manière.
* Seconde objection, l'Homo Sapiens n'obéit pas (ou en tout cas pas totalement) aux
"lois de nature". Il n'a cessé d'inventer, expérimenter des systèmes plus que contradictoires
d'explication du monde (de l'animisme au monothéisme, de l'astrologie à la science …), de
constructions artistiques (de l'hyperréalisme au surréalisme, du classicisme au baroque, du
constructivisme à l'abstraction informelle…), de rapports sociaux (endogamie/exogamie,
matriarcat/patriarcat…), de division du travail (artisanat/taylorisme, intégration ou
désintégration des parts intellectuelle et manuelle dans le processus de production…), et bien
sûr d'organisation des sociétés (de la démocratie grecque reposant sur la pratique de
l'esclavage jusqu'aux tyrannies dites socialistes en passant par les systèmes de caste, les
pouvoirs clientélistes…).
L'homme est l'auteur de conceptions mentales qui ne paraissent éternelles et
inchangeables que pour nos courtes mémoires. Le "sens commun n'existe que pour un temps
et une aire spatiale donnée.
Les vraies révolutions sont celles qui rompent avec les dogmes prétendument
intangibles ici ou là, hier ou aujourd'hui.
Il est patent (pas tant que ça, mais quand même) que les systèmes hiérarchiques sont
hégémoniques actuellement partout et dans tous les domaines.
Cela ne veut pas dire qu'ils sont inchangeables.
C'est lors des situations de crise que les humains inventent de nouvelles solutions afin
d'assurer leur survie. Ce n'est par exemple qu'en raison de l'épuisement des ressources
énergétiques fossiles que l'on commence à investir dans les énergies renouvelables (éoliennes,
solaires…) ou inédites (fusion thermonucléaire…).

Or politiquement le monde est à nouveau en crise, peutêtre
encore plus profondément qu'à la
fin du XIX° et durant la première moitié du XX° où des expériences (avortées hélas ! ) de
renversement de la domination entrepreneuriale/féodale (URSS, Chine, Cuba…) ou coloniale
(VietNam,
Algérie…) ont été tentées.
La crise actuelle (aube du XXI°) englobe les caractéristiques de celles du
siècle précédent mais y ajoute de nouvelles données :
le
caractère mondial de la domination : depuis la seconde guerre mondiale les maîtres
de l'économie ont érigé des instruments de renforcement de leur pouvoir à l'échelle
internationale (accords de Bretton Woods, création du FMI, de la Banque Mondiale, de
l'OMC, de sousstructures
continentales comme l'ALENA, le Marché Commun…).
l'internationalisation
du Capital : par le biais notamment des Bourses, les maîtres de
l'économie, possesseurs des principales "multinationales", agissent en transfrontières,
déplacent capitaux et entreprises au gré des cours du marché, des coûts de main d'oeuvre et
d'infrastructures…, et accessoirement démontrent le caractère archaïque des structures
politiques nationales.
Les
détenteurs du Capital, imbus de leur toute puissance ont porté un coup fatal à la
démocratie représentative.
Que ce soit en imposant leurs vues aux représentants politiques (à quelque échelon que ce
soit, de la commune jusqu'au G7/G8), à découvert (Cf. le lobby nucléaire ou celui de l'eau par
exemple), ou par le biais de la corruption (Cf. les entreprises de travaux publics), ou en
transgressant allègrement les lois ou règlements édictés par les Parlements ou
Gouvernements, les détenteurs du pouvoir économique ont discrédité tout le personnel
politique ("achetés", "vendus", "incapables"…), ont démontré que les responsables politiques
n'étaient au mieux que leurs hommes de paille, un paravent translucide posé devant leurs
manoeuvres de moins en moins occultes, ne disposant d'aucun reste de pouvoir, hormis les
fonctions régaliennes de maintien de l'ordre (police, armée, mais même plus la justice, en
tous cas en France).

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Eloge de l'horizontalité
Publication Mille Bâbords
Richard Ruffel, avril 2002

Quel type de société voulons-nous ?
Une société de héros ou une société d'égaux ?

Nous nageons actuellement dans un monde d’illusions où l’on pousse le culte des idoles
au rabais (financières comme Bill Gates ou Jean-Marie Messier, médiatiques comme
Loana ou Steeve fabriqués dans un « loft » ; politiques comme Chirojospin ou
BenLaBush...), où l’on célèbre les joies de la concurrence (Vivendi Universal contre
Napster, émissions du genre « le maillon faible » ou « Kolontah », l’Occident contre le
reste du monde, Elf contre les « petits juges » des brigades financières, les « grands partis »
détourneurs de fonds contre les « petits candidats »...), la « réussite » plutôt que le labeur
nécessaire à la survie matérielle du monde...

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